Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Drôles d'oiseaux

29 décembre 2015

Charly - II

[Warning: Ton "cru"]


 

De brefs rires se firent entendre dans le fond de la salle, mais Charly, imperturbable, continua son récit.

- Désolé Mr le juge mais je pensais qu'une petite introduction ne ferait pas de mal. Il se peut aussi que mon sens des réalités et des convenances sociales soit très légèrement perturbé depuis quelques temps alors... Bon en tout cas j'en arrivais justement aux faits, si vous permettez. Je préfère vous prévenir, j'avais jamais rien vu d'aussi... troublant si je puis dire.... L'histoire commence comme dans un vieux polar des années cinquante, c'est vers les trois heures du matin que ma vessie se manifesta pour la troisième fois, et que je me décidais à lever mon gros cul pour aller pisser ou me servir une bière. J'avais bien entendu des trucs pas nets la veille mais comme je l'ai dit plus tôt, vous voyez qu'une introduction ça sert, je ne faisais jamais vraiment attention à ce qu'il se passait chez eux tant que ces gens me foutaient la paix et restaient bien loin de moi. Du reste, il n'était pas rare pour moi de me lever en plein milieu de la nuit et de remarquer au passage que l'adolescent s'était fait la malle par la fenêtre de sa chambre. Une tête de con celui-là si vous voulez mon avis.

- Monsieur Hawks ! Justement, non, nous ne voulons pas de votre avis ici. Contentez-vous pour l'amour du ciel de relater les faits, et veuillez surveiller votre vocabulaire je vous prie. Nous sommes dans une cour de justice !

- Désolé, désolé. J'ai pas l'habitude de parler autant normalement, mon seul interlocuteur en ce moment c'est mon pack de bières si vous voyez ce que je veux dire !

- Je crois que j'imagine assez la scène en effet. La suite je vous pris ?

- J'étais sur le point de remonter dans la chambre quand j'entendis le premier coup de feu.

- Vous voulez donc dire que le premier coup de feu a été entendu vers trois heures du matin, donc ?

- Oui oui dans ces eaux là. Après je ne me souviens pas exactement de l'ordre dans lequel tout s'est passé car juste après m'être libéré la vessie je suis parti me prendre une bière. Je crois que je suis resté quelques temps sur le canapé et que j'ai... écrit. Pour être sûr de l'heure faudrait retrouver ce papier je pense, j'ai tendance à écrire la date et l'heure avant de commencer ma prose. Juste comme ça, pour me souvenir des périodes les plus sombres...

- Très bien nous tâcherons de nous occuper de cet important détail par la suite, veuillez poursuivre.

- J'allais remonter dans ma chambre après...

- … Vous être libéré la vessie, je pense que tout le monde ici a compris cette partie là Monsieur Hawks.

Plusieurs rires dans la salle.

- … Après avoir bu ma bière et écrit mon désespoir, Mr le juge. Les chiottes c'était bien avant.

Publicité
Publicité
16 décembre 2015

Charly {Première partie}

[Warning] Explicit content


 

-  J'avais quitté les vieux trottoirs puants de la ville depuis des mois. Depuis que Jenny avait demandé le divorce et s'était fait la malle avec un type aux allures de Cow-boy texan de ces mauvaises séries B américaines. Y'avait eu un malentendu qu'on a laissé traîner des jours. Puis les jours se sont transformés en semaines, en mois, et vous connaissez la suite. Je l'ai laissée partir en ravalant ma fierté, elle a même emporté les chats et la vieille télévision qu'on avait mis dans le garage. Elle a emporté ses vêtements et ma dignité sous le bras, m'a lancé un tendre « Charly, ça ne pouvait plus durer bébé, tu le sais », et a claqué la porte derrière elle après mon tout aussi tendre doigt d'honneur. J'avais jamais vraiment remarqué à quel point elle était importante pour moi. J'avais jamais vraiment fait attention à son parfum, jusqu'à cette nuit où je me suis retrouvé seul dans le lit et qu'en me retournant, ma tête a effleuré son oreiller. Quel vieux con je fais à sentir les moindres parcelles de ce tas de tissu dégueulasse. J'avais plus de raison de me lever, plus de raison de dormir. J'avais plus envie de fumer ou de baiser. J'avais enfin pris connaissance de ce vide sidérant et suffocant en moi, et j'apprenais à le haïr. Je me regardais dans le miroir et je pensais « Charly, espèce de tête de nœud, tu vas rester là toute ta putain de vie ? Dans cette maison trop grande pour ta sale gueule de con, à tourner en rond comme un chien à te demander quelles choses pourraient te stimuler ? ». J'avais vraiment envie de m'en sortir, mais à cinquante neuf ans, sans boulot, sans femme, sans dignité, tout paraît soudain plus compliqué. J'ai commencé à fréquenter des gens dans des bars. Je suis sorti dans des endroits franchement crades dans lesquels les types se la jouent gros caïd et les femmes, elles, n'en parlons même pas. Elles étaient belles et grandes, sauvages, presque nues.

Tous les regards étaient tournés vers lui. Personne ne comprenait réellement ce qui était en train de se passer ni où ce discours allait les mener, mais la salle entière était pendue aux paroles de Charly, comme envoûtée. Les veilles femmes rougissaient à la moindre vulgarité, tandis que les hommes, eux, se tapaient des coudes pour marquer à quel point ils comprenaient le désarroi de cet homme et à quel point ils étaient compréhensifs. Seul le groupe placé à sa gauche restait imperturbable. Tous se contentaient d'écouter en silence. Certains se retournaient parfois vers l'homme le plus imposant de la pièce, placé à la droite de Charly, craignant de voir le discours se suspendre d'un moment à l'autre.

 - J'avais grand cœur moi, je savais bien que ce monde là n'était pas fait pour ma tête de con mais j'y allais quand même. J'ai rencontré deux ou trois putes que j'ai ramené chez moi. On s'est bien amusés je dois le reconnaître, mais j'avais toujours ce vide à l'intérieur qui ne voulait pas me foutre la paix. Le matin je me levais et j'entendais cette chose gronder, le soir en me couchant je sentais que toute forme d'énergie positive m'avait quitté. Il n'y avait plus rien, rien d'autre que cet infâme gouffre sordide qui me collait et me traversait de part en part. J'avais envie de me flinguer. C'est cette nuit là que j'ai remarqué la lumière en face, et que j'ai compris qu'un truc tournait pas rond. Pour tout dire, j'ai jamais vraiment prêté attention à mes voisins. Ils me foutent la paix quand je fous ma vie en l'air, et je les laisse écouter la musique un peu trop fort la nuit. Ce sacro-saint accord silencieux me convenait parfaitement jusqu'à présent. J'avais trouvé en eux des personnages compréhensifs au désespoir profond dans lequel je plongeais malgré moi, et je leur était extrêmement reconnaissant de ne pas appeler les flics quand ils m'entendaient donner des coups de flingues dans les murs ou pousser des hurlements à en réveiller n'importe quel macchabée. Deux ou trois fois déjà, j'avais perçu dans le regard de la bonne femme un vague élan désapprobateur, mais mes cernes et ma triste mine avaient sûrement suffit à la faire se retourner tranquillement, promenant simplement son regard le long de ma maison, comme si j'y cachais les corps des putes que j'avais invitées la veille. Celle-là devait se dire que si un psychopathe anéanti par le départ de sa femme habitait en face, il valait peut-être mieux le laisser en paix. Et du reste, je m'en plaignais pas. J'avais encore révé d'elle cette nuit là. Jenny, jenny. Une femme tellement banale que j'ai du mal à supporter cette absence. Dans ces cauchemars c'est toujours la même chanson : je crois sentir son odeur sur l'oreiller, je m'endors, me réveille en chialant et pars me réfugier dans le salon pour me taper une ou deux bières avant de tomber, encore, dans ce douloureux coma fait de souvenirs qu'on préférerait effacer. J'ai honte de l'avouer mais j'en ai écrit des poèmes. Beaucoup. Je les planque dans les tiroirs de ma table de chevet, incapable de les brûler ou les relire. Ils restent juste enfermés là-dedans à attendre. Attendre qu'un jour j'aurais les couilles de les relire en me marrant, pour finir par les déchirer et les jeter par la fenêtre... J'avais eu cette idée à un moment de les faire lire par...

- Charly loin de moi l'idée de vous interrompre mais cela fait cinq minutes que vous nous relatez ici votre désespoir et pas un mot sur l'affaire. Vous avez évoqué Mme Talls mais très vaguement. Entendons-nous bien : nous vous avons fait comparaître aujourd'hui afin de juger l'affaire Talls. Pourrions-nous donc en venir aux faits, je vous prie ?

De brefs rires se firent entendre dans le fond de la salle, mais Charly, imperturbable, continua son récit.

13 décembre 2015

... Au commencement ...

Birdland est un pays fictif regroupant toutes les peurs

et angoisses tordus de mes (trop) nombreux personnages.

Les personnages sont variés: de l'écrivain névrosé à la sorcière ivre de vengeance. Tous ont leur mot à dire, ont leur propre histoire. Toute ressemblance avec des personnes réels serait parfaitement fortuite. Les textes ne sont pas libres de droit, merci de ne pas les utiliser sans mon autorisation, il en va de même pour les illustrations et les photos. Les publications seront aléatoires (selon mon inspiration, idées et surtout selon mon temps libre) mais seront toutes relayées sur ma page facebook ( Birdland's Tales ). Je me dois de vous prévenir que le contenu peut choquer les plus sensibles, je ne contrôlerai ni ne mâcherai mes mots, il se pourrait que certains passages évoquent le sang, les cadavres, comportent du vocabulaire / langage "crus", et qu'il y ait également des scènes déconseillés aux plus jeunes. Je préciserai à chaque fois en début de post le type de contenu mais les principaux textes de ce blog ne seront pas toujours roses (bien que certaines histoires pourront être plus légères).

Vous pénétrez dans un lieu sombre et dangereux. 

Vous voilà au sein du Birdland.

Vous pouvez hanter. Rester.

Fermez les yeux, laissez moi vous conter.

Publicité
Publicité
Drôles d'oiseaux
Publicité
Archives
Publicité